Aromathérapie

Histoire Aromatique
Propriétés des Huiles Essentielles
Indications de l'Aromathérapie
Modes d'administration
L'aromatogramme

Histoire Aromatique

 

Les Huiles Essentielles étant une fraction extraite de plantes aromatiques, l'histoire de l'aromathérapie est par essence, intimement liée à celle de la phytothérapie.
Les plantes et leurs extraits ont été utilisés depuis la nuit des temps.

40 000 ans avant JC : Australie. Les Aborigènes utilisent le principe de la fumigation, et connaissent les cataplasmes à base de plantes aromatiques, qu'ils mélangent à de l'argile.

5 000 ans avant JC : Inde. La médecine Ayurvédique fait un large usage des plantes et des huiles essentielles. Un alambic en terre cuite a été découvert au Pakistan, montrant que le principe de la distillation était déjà connu à cette époque, en l'occurrence, bien avant l'ère du métal.

3 000 avant JC
: Egypte. Les hiéroglyphes apposées sur les tombeaux révèlent que les huiles essentielles ont joué un rôle important dans la vie des égyptiens. L'encens est apparu en Egypte environ 3000 ans avant JC.

2 700 ans avant JC : Chine. Le Shennong bencao jing, le "Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste" est attribué à l'empereur mythique Shennong.

2 500 ans avant JC : Egypte. Les textes des pyramides mentionne le kyphi, encens sacré composé de dix à cinquante ingrédients, dont la cannelle, la myrrhe et le santal. Les Hébreux ont hérité du savoir du Kyphi et l’ont transformé en "Saint Chrême", l’huile d’extrême onction. Cette huile contient du Nard de l’Himalaya (Nardostachys jatamansi).

2 300 ans avant JC
: Mésopotamie. Des textes akkadiens nous apprennent qu'à Babylone, on brûlait du cyprès pour enrayer les épidémies.

2 000 ans avant JC : Mésopotamie. Inscriptions mentionnant l'usage d'huiles essentielles.

1 800 ans avant JC : Egypte. Papyrus hiéroglyphes mentionnant l'utilisation d'huiles essentielles pour le processus d'embaumement. La Reine Hatchepsout a mené des expéditions à la recherche de l'encens, d'autres parfums, et dont l'historique a été gravé sur un temple édifié à son honneur. Ce temple abritait un jardin botanique, et notamment des arbres d'encens récupérés de ces expéditions. Des huiles essentielles et de la myrrhe en poudre ont été employés au cours du processus d'embaumement. Certaines huiles essentielles étaient si impérissables, que 3300 ans après la mort de Toutankhamon, une trace de parfum dans une poterie a été détectée quand le tombeau a été ouvert.

460 ans avant JC : Grèce. Hippocrate fait un large usage de baumes et onguents à base de substances aromatiques. Les grecs ont par ailleurs associé la myrrhe à une légende : Myrrha était la fille de Cinyras, roi de Chypre, l’Ile des Parfums. Des Gorgones la poussèrent à avoir des relations incestueuses avec son père. Après quoi elle fut transformée en arbre à myrrhe, dont l'écorce se fendit pour donner naissance à Adonis. Le philosophe Théophraste a élaboré des thèses sur les huiles essentielles et leurs origines végétales, étudiant l'effet des parfums sur les modes et processus de la pensée.
Epoque romaine : Italie. Les bains de l'empereur Caracalla étaient grandioses et célèbres. Une pièce, appelée "unctuarium", était composée d'étagères sur lesquelles étaient disposées des huiles essentielles et des fioles d'huiles parfumées. Les romains avaient pour coûtume d'aplliquer des parfums trois fois par jour. Les romains connaissaient bien la distillation, un alambic en terre cuite a été retrouvé dans des fouilles. La thériaque (comprenant de la myrrhe) est un célèbre contrepoison décrit pour la première fois par Andromaque, médecin de Néron. De l'huile essentielle de cèdre a été employée pour enduire des manuscrits de papyrus pour les protéger des insectes sous le règne de l'Empereur Augustus.

980 : Perse. Avicenne, philosophe, chimiste, alchimiste, écrivain, astronome, psychologue et médecin, mentionne le processus consistant à extraire l'huile essentielle et l'hydrolat des fleurs au moyen de la distillation.

1400 : Europe. Usage des plantes et de leurs extraits mentionnés dans la pharmacopée.

1519 : France. Sous le règne de Catherine de Medicis, les huiles essentielles connaissent un essort important. Catherine fait venir René le Florentin d'Italie. Soucieuse de sauvegarder les formules des parfums, elle fait créer un passage secret, reliant le laboratoire à ses appartements. Elle lance la mode des parfums italiens à la Cour de France, ainsi que celle des gants parfumés. Elle lance également la mode des petits flacons à parfum à porter dans les poches des vêtements. A son mariage, elle porte le parfum "Eau de la Reine", spécialement créé pour l'évènement par des Frères Dominicains de Florence. Très Chic la dame.

1628 : France. Une terrible épidémie de peste ravage la ville de Toulouse entre 1628 et 1631. Quatre voleurs qui ont l'audace de détrousser les cadavres des pestiférés au mépris de toute contagion mortelle, sans subir eux-mêmes de contamination, sont arrêtés. Ils entrent dans les maisons des pestiférés où personne n’ose s’aventurer pour voler tout ce qui est précieux. Les archives du Parlement de Toulouse rapportent qu’ils sont jugés et condamnés à être brûlés vif sur la place publique. Toutefois, les juges sont intrigués et leur proposent un marché : la pendaison afin d’adoucir leur exécution, celle-ci étant une mort plus douce car instantanée, au lieu de la mort lente et atroce du bûcher. A une condition : ils doivent révéler leur secret au tribunal. Ce secret est celui d'un vinaigre fabriqué par les quatre voleurs. Ils font macérer certaines plantes aromatiques dans du vinaigre, puis ils se frottent les mains et le visage avec cette mixture avant d'aller dépouiller les pestiférés. Après révélation de leur secret, ils sont donc charitablement pendus au lieu d'être brulés vifs. Cette préparation devint à tout jamais célèbre sous le nom populaire de "Vinaigre des 4 Voleurs", et fut inscrite au Codex de la Pharmacopée française.

La formule et le mode préparatoire sont les suivants : Grande absynthe (Artemisia absynthium) 64 gr, petite absynthe (Artemisia pontica) 64 gr, Romarin (Rosmarinus officinalis) 64 gr, Sauge (Salvia officinalis) 64 gr, Menthe aquatique (Mentha aquatica) 64 gr, Rue (Ruta graveolens) 64 gr, Fleurs de Lavande aspic (Lavandula spica) 64 gr, Ail (Allium sativum) 8 gr, Racine d'Acore odorant (Acorus calamus) 8 gr, Ecorce de cannelle (Cinnamomum verum) 8 gr, Girofle (Eugenia caryophyllus) 8 gr, Noix de Muscade (Myristica fragrans) 8 gr, Vinaigre rouge 4 kilos. Faire macérer dans un récipient bien fermé pendant 15 jours. Passer en exprimant avec force. Filtrer et ajouter Camphre dissous dans suffisante quantité d'alcool 16 gr, Acide acétique marquant 10 degrés à l'aréomètre 16 gr. Conserver dans un vase bien bouché.

1727 : Allemagne. Les propriétés médicinales de la fameuse "Eau de Cologne" sont reconnues par la Faculté de Médecine de Cologne. Lorsqu'en 1810 Napoléon décrète que tous les médicaments doivent avoir une composition connue et publique, l'eau de Cologne devient un parfum afin d'en préserver le secret de la formule. On trouve encore de nos jours une Eau de Cologne Extra-Vieille préparée selon la recette originale, à base d'essences du genre citrus et de plantes aromatiques (Roger & Gallet).

1910 : Le chimiste René Maurice Gattefossé qui faisait alors des recherches en parfumerie, se brûla grièvement les mains lors d'une explosion dans son laboratoire. Très grièvement brûlé, soigné selon les moyens de la médecine contemporaine, il fut rapidement atteint de gangrène gazeuse. En dernier recours, retirant ses bandages, il appliqua sur ses plaies infectées de l’huile essentielle de lavande. Les résultats furent stupéfiants et confirmèrent son intuition : l’huile essentielle de lavande possédait de puissantes propriétés antiseptiques et cicatrisantes. Il consacra dès lors une partie de ses recherches aux huiles essentielles.

Le terme Aromathérapie fut utilisé pour la première fois par M. Gattefossé, dans une publication datant du numéro de décembre 1935 de la "Parfumerie Moderne". En 1937 il publia son ouvrage intitulé "Aromathérapie - Les Huiles essentielles - hormones végétales". Ce livre synthétise ses publications précédentes consacrées à la thérapeutique par les huiles essentielles et fait part des observations cliniques effectuées entre temps en milieu hospitalier, notamment par les docteurs Jonquières et Gaté.

1964 : Jean Valnet publie le livre "Aromathérapie, traitement des maladies par les essences de plantes", et crée en 1971 le Collège de Phyto-aromathérapie.

1990 : Pierre Franchomme donne une orientation définitivement scientifique à l'aromathérapie, et publie le livre "L'aromathérapie exactement".

 

Top 

 

Propriétés des Huiles Essentielles

 

Les huiles essentielles sont généralement composées de plusieurs dizaines, voire centaines de molécules différentes. Les multiples propriétés dont elles sont dotées sont liées de manière intrinsèque à leur structure chimique.

Les principales propriétés des huiles essentielles :

  • Antibactériennes (actives sur Escherichia, Klebsellia, Enterobacter, Citro bacter, Shigella, Salmonella, Pseudomonas, Staphylococcus, Streptococcus, Enterococcus, Chlamydia, Stenotrophomonas, etc.)
  • Antifongiques (Candida, Trichophyton, Aspergillus, etc.)
  • Antivirales (Herpes, Rhinovirus, Coronavirus, Epstein-Barr, VZV, Myxovirus, Morbillivirus, Papillomavirus, Hepatite, CMV, etc.)
  • Antiparasitaires (Ascaris, Enterobius, Ancylostoma, Trichuris, Lamblia, Sarcoptes, Phthiraptera, Plasmodium, Leishmania, etc.)
  • Immunomodulatrices, Immunostimulantes
  • Anti-inflammatoires, Antalgiques, Analgésiques
  • Anticatarrhales, Expectorantes, Mucolytiques
  • Anti-histaminiques
  • Antispasmodiques
  • Neurorégulatrices (Calmantes, Hypnotiques, Anxiolytiques, Toniques, Stimulantes, etc.)
  • Endocrinorégulatrices (Cortico-surrénale, Hypophyse, Ovaires, etc.)
  • Vasculotropes (Phlébotoniques, Lymphotoniques, Hyperémiantes, Fibrinolytiques, Cardiotoniques, Coronarodilatatrices,  Hypotensives, etc.)
  • Hémotropes (Fluidifiantes sanguine, Antihématomes)
  • Digestives (Eupeptiques, Carminatives, Cholagogues, Cholérétiques, Hépatostimulantes, Cholécystotoniques, etc.)
  • Antitoxiques
  • Antivenimeuses (Piqûres d'insectes, Méduses, Anémones de mer, etc.)
  • Antirhumatismales
  • Thermorégulatrices
  • Psycho-olfactives
  • Astringeantes
  • Anti-oxydantes
  • etc.

 

Top 

 

Indications de l'Aromathérapie

 

Les principales indications de l'aromathérapie :

Dermatologie : Eczéma, dyshidrose, impétigo, zona, plaies, abcès, brûlures, hématomes, herpès, ulcères, crevasses, acnés, mycoses, piqûres d'insectes, verrues, poux, gale, urticaires, etc.

O.R.L. : Sinusites, rhinites, rhinopharyngites, otites, angines, MNI, épistaxis, etc.

Gastro-entérologie : Candidoses, aspergilloses, diarrhées, parasitoses, verminoses, gastrites, ulcères, ballonnements, flatulences, aérogastries, aphtes, colites spasmodiques, gingivites, hépatites, hoquet, etc.

Gynécologie : Aménorrhée, dysménorrhée, leucorrhée, troubles de la ménopause, mycoses, parasitoses, condylomes, herpès, etc.

Physiologie : Toxémie, goutte, hypercholestérolémies, etc.

Pneumologie : Bronchite, bronchite asthmatiforme, asthme, coqueluche, psittacose, etc.

Psycho-neurologie : Dystonies neurovégétatives, stress, anxiété, troubles de l'endormissement, insomnies, spasmophilie, etc.

Rhumatologie : Rhumatismes, arthrites, lumbago, tendinites, etc.

Urologie : Cystites

 

Top 

 

Modes d'administration

 

Les huiles essentielles peuvent être employées selon huit modes différents, en fonction de leur structure chimique, de leur dosage et de l'effet recherché.

Diffusion atmosphérique : C'est l'utilisation la plus populaire. Il est nécessaire d'utiliser un diffuseur d'huiles essentielles créant une nébulisation, et non pas un brûle-parfum qui altère les huiles essentielles lors du chauffage. Quinze minutes par heure sont en général suffisantes. La diffusion peut cependant être contre-indiquée pour les personnes souffrant d'allergies respiratoires (asthme). Il est également possible de mettre quelques gouttes d'huiles essentielles dans les humidificateurs munis d'un réservoir à cet effet.

Inhalation : Il suffit d'ajouter quelques gouttes d'HE à un bol d'eau chaude (env. 80-85°) et d'en respirer les vapeurs, un linge recouvrant la tête et le bol d'eau chaude. Une inhalation sèche se pratique en déposant quelques gouttes sur un mouchoir en papier que l'on respire profondément.

Voie transcutanée (Massages et bains) : Certaines huiles essentielles peuvent être appliquées pures sur la peau, d'autres plus agressives, demandent à être diluées dans un excipient (lait hydratant, crème, huile végétale). Pour le bain, les HE, n'étant pas hydrosolubles, elles doivent être mélangées à un dispersant spécifique (Labrafil, Sanodisp, Sanomulse), à des concentrations variables, en fonction de l'excipient et de la dermocausticité des huiles essentielles choisies.

Voie orale (Gélules et gouttes buvables) : En raison de la toxicité de certaines huiles essentielles, ce mode d'administration devrait être réservé aux spécialistes. Pour la forme gélule, les huiles essentielles sont fixées sur un support inerte (silice colloïdale). Quant aux gouttes buvables, les huiles essentielles étant insolubles dans l'eau, elles sont mélangées à un excipient ad-hoc (Sanodisp, Labrafil). Ce dernier permet leur dispertion dans de l'eau.

Voie rectale (Suppositoires) : Il s'agit de la voie idéale pour les enfants et les nourrissons, et lors d'atteintes broncho-pulmonaires.

Voie vaginale (Ovules) : Cette voie permet de traiter efficacement les infections de la sphère gynécologique (mycoses, parasitoses, vaginoses, etc.)

Voie nasale (Gouttes nasales) : Les huiles essentielles ne sont jamais utilisées pures sur les muqueuses. Elles sont en général diluées dans un excipient comme le Labrafil afin de pouvoir être utilisées par voie nasale.

Voie auriculaire (Gouttes auriculaires) : Les huiles essentielles ne sont jamais utilisées pures dans le conduit auditif. Une des rares indications de l'utilisation d'huiles essentielles par voie auriculaire est l'otite séreuse. Il est cependant possible de placer une mèche de coton imbibée de quelques gouttes d'Eucalyptus radiata à l'entrée du conduit auditif (sans l'enfoncer) en cas d'otite moyenne. Il est par contre formellement déconseillé d'utiliser des huiles essentielles en cas d'otite externe, même selon la technique du coton imbibé.

 

Top 

 

L'aromatogramme

 

L'aromatogramme est une technique dérivée de l'antibiogramme.

Les principes de l'aromatogramme furent publiés en 1949 par Schroeder et Messing. Le terme aromatogramme fut fondé en 1973 par les Drs Jean Vlanet et Maurice Girault.

Cette technique permet de mettre en évidence, in vitro, le pouvoir antibactérien d'une huile essentielle envers une souche bactérienne. La technique consiste à placer des disques de buvard imprégnés de diverses huiles essentielles au sein d'une colonie bactérienne, et de placer cette dernière à l'incubateur, en général pendant 24 heures. Passé ce laps de temps, le spectre d'inhibition de croissance autours de chaque buvard est mesuré. La valorisation du résultat est donnée sous forme de croix : 0 pour résistant, + pour peu actif, ++ pour actif, +++ pour très actif.

Des essais menés par mes soins en 1995 sur des souches multi-résistantes (Escherichia coli ATCC 25922, Staphylococcus aureus ATCC 25923, Candida albicans ATCC 2091, Shigella sonnei, Salmonella enteritidis, Staphylococcus epidermidis, Streptococcus pyogenes, etc.) en provenance du CHUV, Lausanne, ont montré une activité +++ pour de nombreuses huiles essentielles, dont Cinnamomum verum cortex, Cinnamomum verum folium, Cinnamomum cassia, Trachyspermum ammi, Ocimum gratissimum, Pimenta racemosa, Eugenia caryophyllus, Corydothymus capitatus, Origanum compactum et Origanum heracleoticum.

Considérant le nombre d'infections nosocomiales et leur issue parfois fatale que subissent chaque année de nombreux patients au cours (ou à l'issue) de leur séjour en milieu hospitalier, il est regrettable que l'aromathérapie ne soit pas envisagée comme méthode thérapeutique alternative.

 

Top